L’ambition de ce workshop est de donner aux participants l’opportunité de présenter leurs travaux, d’échanger des idées et de collaborer dans un environnement propice à la discussion et à la réflexion afin qu’ils contribuent de manière significative à l’avancement de la recherche autour des changements climatiques et à la compréhension collective des enjeux associés à l’atténuation, l’adaptation et à la biodiversité. Ces tables rondes, structurées par les axes de recherche de TTI.5, permettent une réflexion approfondie et collective sur les débats environnementaux.
Les chercheurs de l’École, par leur expertise et leur engagement, jouent pour certains un rôle clé dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques. La collaboration entre les différents acteurs et la continuité de l’analyse sont cruciales pour assurer une transition écologique réussie. The Transition Institute 1.5 promeut cette approche intégrée, où la science et les politiques publiques se nourrissent mutuellement pour relever les défis environnementaux. En capitalisant sur les réflexions et les expériences partagées lors de cet événement, Mines Paris – PSL renforce sa position en tant qu’acteur majeur de la transition écologique et du développement durable.
L’Axe 1 de recherche « Le design de la transition » s’attache à déplier les mécanismes et dynamiques des transitions, en permettant l’identification des processus à mettre en œuvre pour s’aligner au plus près de l’objectif d’atténuation tout en associant les enjeux liés à l’adaptation. Les chercheurs de l’Ecole qui contribuent à cet axe élaborent des modèles inspirés de diverses analogies issues par exemple de la physique des transitions de phase, ou encore s’inspirant de contextes variés, comme celui de l’industrie des semi-conducteurs, pour
Cet axe explore également les formes d’organisations et les dynamiques collectives qui pourraient concrétiser cette transition vers un avenir désirable.
La table ronde intitulée « La place de l’École des Mines dans les politiques publiques liées à la transition écologique » s’inscrivait dans l’Axe 1 de TTI.5, « Design de la transition ». Il s’agissait d’y discuter la manière dont Mines Paris – PSL peut influencer et soutenir les politiques publiques en matière de transition écologique. Benjamin Cabanes a mis en avant l’importance des outils financiers et de comptabilité pour organiser la recherche transdisciplinaire. Les sciences de gestion, en se concentrant sur l’action collective, jouent un rôle central dans les transitions, notamment en organisant la recherche transdisciplinaire qui demeure une tâche ardue. L’importance de ces sciences réside dans leur capacité à étudier les outils financiers et comptables nécessaires pour soutenir ces transitions, plutôt que les actions des décideurs eux-mêmes. Par exemple, la loi Climat et Résilience de 2021, qui impose des critères d’affichage alimentaire et textile pour comparer l’impact environnemental des produits, a illustré les défis inhérents à l’harmonisation des outils de mesure. Les industriels et les organismes, confrontés à la complexité de converger sur une méthode commune de calcul, se retrouvent souvent en désaccord. Revenir sur ces outils pour identifier et corriger leurs failles est un enjeu majeur pour assurer la cohérence et l’efficacité des politiques publiques dans la transition écologique.
Pierre Fleckinger a abordé la complexité de l’interface entre chercheurs, puissance publique et acteurs industriels, soulignant l’importance grandissante de l’analyse quantitative ex post pour évaluer l’efficacité des politiques publiques. Il a insisté sur la nécessité de concevoir des politiques publiques robustes, de les mettre en œuvre avec rigueur et de les évaluer méthodiquement. Du point de vue de l’économie, et des autres sciences sociales, l’exercice n’est cependant pas confiné à l’évaluation ex post, au contraire. La politique publique se décompose en plusieurs étapes distinctes : le design, la mise en place, et l’évaluation ex post. À Mines Paris – PSL, le rôle des chercheurs est aussi de fournir les instruments intellectuels nécessaire à la définition de ces politiques. Gérer cette interface exige donc une méthode impliquant une multitude d’acteurs, où les académiques apportent une valeur ajoutée spécifique par rapport aux consultants. Si l’évaluation ex post nécessite des données massives, par définition restrospectives, et les outils les plus sophistiqués de science des données, l’analyse en amont demande à la fois une connaissance fine des acteurs, et une capacité de conceptualisation, abstraite–avant que l’objet politique publique lui-même existe : une démarche propre à la recherche.
Nadia Maïzi a illustré les défis rencontrés par les scientifiques au sein de commissions telles que France Stratégie, où les modèles élaborés par diverses équipes ont souvent donné lieu à des débats délicats avec les décideurs politiques et les industriels. Un dialogue constant et constructif entre scientifiques et décideurs est capital pour assurer la pertinence et l’efficacité des politiques publiques. Des initiatives comme l’évaluation de la valeur du carbone pour les projets d’investissement, où des approches variées ont révélé des divergences importantes selon les perspectives des ingénieurs et des économistes sont à souligner. Les discussions ont mis en lumière les tensions entre méthodes scientifiques rigoureuses et attentes politiques. Ce manque de consensus peut entraîner une désolidarisation des acteurs vis-à-vis des résultats scientifiques, des choix arbitraires de chiffres, et finalement, des politiques inefficaces, générant frustration et sentiment d’inconsidération parmi les chercheurs.
Les discussions ont également abordé les défis liés à la mise en place de politiques publiques efficaces et à l’évaluation de leur impact. Pierre Fleckinger a évoqué l’importance de la proximité des chercheurs avec les acteurs industriels et politiques, mettant en exergue la nécessité de gérer cette interface avec finesse pour éviter les conflits d’intérêts. Le travail de l’etilab, qui met à disposition des acteurs publics comme privés leurs analyses scientifiques à propos des ETI (Établissements de Taille Intermédiaire) pour orienter leurs politiques ou tout simplement comprendre le fonctionnement de cette catégorie d’entreprise, révèle que les ETI représentent 35% de l’emploi, une réalité souvent méconnue par l’administration et l’industrie, entravant ainsi l’élaboration de mesures efficaces.
Les chercheurs, par leur capacité à poser les bonnes questions et à assurer une continuité à long terme, sont les mieux placés pour influencer durablement les politiques publiques. TTI.5, avec sa marque identifiable, incarne cette continuité en fournissant une analyse et une référence historique fiables. Malgré des défis organisationnels, une réelle différence d’impact entre les chercheurs de carrière et les consultants ponctuels est à noter, révélant une véritable valeur ajoutée ainsi qu’une expertise de Mines Paris – PSL.
Nadia Maïzi, a souligné l’importance d’une évaluation rigoureuse de la mise en œuvre des politiques ainsi que de leur efficacité. Mettant en lumière les défis rencontrés par les chercheurs confrontés à l’évaluation de leurs travaux par des acteurs politiques et industriels, il est nécessaire de mettre en exergue l’importance de l’engagement et de la conviction des chercheurs face aux pressions des lobbies. L’identification et la reconnaissance des chercheurs vis à vis de leurs institutions d’affiliation est aussi à souligner. En effet, Mines Paris – PSL bénéficie d’une aura considérable, la perception externe de la qualité des travaux de recherche étant excellente, mettant ainsi en évidence l’importance d’une solide marque institutionnelle dans le milieu académique et scientifique.
La 1re édition du Prix TTI.5 de la controverse environnementale s’est déroulée le 31 mai à la Maison de l’Océan à Paris, lors du Forum TTI.5 consacré ...