Repenser le management : 3 questions à Pierre Bocquet, chercheur associé à la Chaire FIT2 et co-auteur d’ « Organisation Responsabilisante »

L’organisation responsabilisante, ce n’est pas l’entreprise libérée. La responsabilisation repose sur l’idée qu’un grand nombre d’actions et de décisions réservées à la hiérarchie et aux fonctions supports peuvent être laissées à l’initiative des opérationnels. C’est une dynamique progressive et continue d’élargissement de la responsabilité des collaborateurs, en développant leur pouvoir d’agir. Pour les managers, il ne s’agit plus de tout organiser ni de tout trancher, mais d’aider l’équipe à faire un maximum de choses par elle-même sans mettre en danger l’entreprise. Pour les équipiers, il s’agit d’intégrer l’idée que le pouvoir d’agir va de pair avec la montée en compétences et l’obligation de rendre des comptes.
Beaucoup d’entreprises s’intéressent à ce modèle d’organisation, mais elles butent sur le « comment faire ». Le modèle responsabilisant vise à faire bouger la culture d’entreprise et les comportements. Ce sont des domaines complexes. Si la direction n’est pas alignée et déterminée, si elle ne s’inscrit pas dans la durée et si elle ne propose pas un cadre clair et systémique au projet de transformation, alors il sera très difficile au modèle responsabilisant de s’enraciner.
Pour aider les entreprises à construire ce nouveau cadre, nous avons créé une boussole de la responsabilisation. Elle comprend 5 dimensions structurantes qui doivent progresser conjointement : la responsabilité, la subsidiarité, la solidarité, la collégialité et l’activité.
Concrètement, la responsabilisation entraine un déplacement de la prise de décision vers ceux qui habituellement exécutent, c’est la subsidiarité. La solidarité entre les membres et la collégialité des prises de décision permettent aux équipiers de ne pas se sentir isolés face à leurs nouvelles responsabilités. Enfin, un des points sensibles est la redéfinition des activités, en particulier celle des managers qui devront apprendre à réguler le travail plutôt qu’à le régler.
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