Un séminaire conçu par les élèves pour interroger leur avenir

Organisé de manière totalement autonome par une équipe de treize étudiants volontaires, ce séminaire est un véritable exercice de mise en situation. En choisissant des thématiques à la croisée des traditions et des évolutions du métier d’ingénieur, l’objectif était de donner du sens à leur formation et d’interroger leur place dans un monde en transformation.

David et Olympe, responsables de l’équipe organisatrice : “Cette année, nous avons décidé, non pas de nous pencher sur les grands enjeux du XXIème siècle auxquels nous avons été sensibilisés durant notre formation, mais de recentrer notre réflexion sur notre propre situation : des élèves ingénieurs en fin de cursus, une promotion qui s’apprête à entrer dans le monde du travail et qui s’interroge sur son rôle dans la société et le sens qu’elle donne à son diplôme. Avec toute l’équipe, nous avons cherché à apporter au point final de notre scolarité une ouverture sur l’après-Mines, mais également à esquisser un portrait de notre promotion à l’heure où elle s’apprête à quitter les bancs de l’école.”

David et Olympe, responsables de l’équipe organisatrice

Un espace de dialogue et d’expérimentation

À travers des conférences, des ateliers et des tables rondes interactives, ce séminaire a offert aux étudiants un espace de discussion, favorisant la confrontation d’idées et l’émergence de nouvelles perspectives. Un podcast en trois épisodes viendra enrichir cette réflexion collective en prolongeant les échanges sous un autre format.
Avec cette initiative, les élèves de Mines Paris – PSL démontrent que la formation d’ingénieur ne se limite pas à l’acquisition de compétences techniques : elle est aussi une aventure intellectuelle et humaine, où la capacité à interroger le monde et à s’y engager est essentielle.

Retour sur les trois journées du séminaire

Jour 1 – Une formation qui s’interroge sur elle-même

La première journée du séminaire était dédiée à la formation des ingénieurs en France. Elle a débuté par un ice breaker original : des ateliers en petits groupes où les élèves ont échangé sur leur vision de la formation et du rôle de l’ingénieur dans la société.

J’ai personnellement été très impressionnée par la convergence des réponses lors des ateliers de discussion ! Même si les opinions sont diverses, les élèves cherchent systématiquement à construire une réponse collective, nuancée, qui inclut l’ensemble des participants. Cette capacité et cette propension à chercher le consensus est précieuse à mes yeux, et elle me rend fière de ma formation à Mines Paris – PSL !

Olympe, élève 3A et organisatrice du Séminaire

Ces réflexions ont été enrichies par une analyse historique et sociologique de l’origine du diplôme d’ingénieur, menée par André Grelon (EHESS) et Laurent Mahieu (anciennement à la CTI). Elles ont été suivies d’un éclairage sur l’histoire de la formation au sein de l’École, apporté par Armand Hatchuel et Ludovic Bouvier.

Jean Catry (P19) présente son analyse des trajectoires professionnelles passées des Mineurs

Jour 2 – Des trajectoires professionnelles plurielles et engagées, entre convictions écologiques et réindustrialisation

Le deuxième jour était centré sur le sens du métier d’ingénieur. L’intervention de Dominique Potier, député et agriculteur, a ouvert la journée sur les enjeux de responsabilité et de vigilance dans les grandes entreprises.
Un moment fort du séminaire fut la table ronde sur la bifurcation. Des ingénieurs venus de parcours très divers sont venus témoigner de leurs dilemmes, de leurs doutes et de leurs choix : démission, changement de secteur, engagement environnemental, ou choix de rester dans une carrière traditionnelle pour faire bouger les lignes de l’intérieur.
L’après-midi a permis d’aborder les perspectives de l’industrie française avec Vincent Charlet (La Fabrique de l’Industrie) et Vincent Vicard (CEPII), puis de revenir sur deux trajectoires industrielles inspirantes avec Frédéric Pouille (Saint-Gobain) et Valérie Weigel (Sibanye-Stillwater).

Le député Dominique Potier intervient sur la responsabilité des entreprises où les élèves seront amenés à prendre des décisions

Jour 3 – L’ingénieur de demain face à la mondialisation et aux mutations technologiques

La troisième journée a ouvert les perspectives : comment le métier d’ingénieur évolue-t-il à l’heure de l’intelligence artificielle, de l’internationalisation et des bouleversements socio-environnementaux ?
Loïc Duflot (DGE) a proposé une réflexion nourrie sur l’impact du numérique sur les compétences attendues. Puis, avec Jérémie Ni, les participants ont pu réfléchir à ce qui constitue la spécificité de “l’ingénieur à la française” dans un contexte globalisé.
Enfin, Hélène Le Teno a partagé son parcours éclectique ainsi que des outils pour aider chacun à s’orienter dans le XXIe siècle. Claire Nouvian, présidente de BLOOM, a ensuite conclu par un discours engagé, appelant les futurs ingénieurs à faire entendre leur voix.

Hélène Le Teno, ingénieure diplômée des Ponts

Un moment fort de la vie de l’école

Au-delà de la richesse du contenu, ce séminaire fut un moment fort de la vie de l’École. Il a démontré la capacité des élèves à organiser un événement exigeant, fédérateur, et ouvert sur l’extérieur. Il a aussi permis de tisser des liens entre promotions, de dialoguer avec des intervenants inspirants, et de donner à chacun des outils de réflexion pour la suite.

Matthieu Mazière, Directeur des études du Cycle Ingénieur civil : «  En tant que professeur et responsable de formation il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir les élèves s’approprier leur cursus, choisir les thématiques et intervenants durant ces trois jours de séminaire et mettre en place ce magnifique programme. Les rôles sont inversés, je n’ai plus qu’à m’asseoir dans la salle et à apprécier. »

Quizz de promo avec Matthieu Mazières

Le séminaire s’est terminé par un cocktail sur la terrasse de l’école, moment de convivialité et de célébration partagée.

Témoignages des élèves participants :

Inès : “J’ai trouvé que ces quelques jours permettaient de prendre du recul sur notre statut d’ingénieur(e). Un recul historique, en se replaçant dans l’évolution des choix professionnels des promos antérieures à l’aide de l’analyse statistique de Jean Catry, en se penchant aussi sur l’histoire des formations d’ingénieurs et en particulier de celle de Mines Paris – PSL, et en creux, sur l’évolution des missions attribuées aux ingénieurs. Il était aussi fascinant et émouvant de retracer avec Ludovic Bouvier à travers l’étude d’archives les questionnements d’élèves des Mines de 1920, 1968 et 2019 sur leur propre formation. Un recul géographique également, à travers l’éclairage de Jérémie Ni sur les différences entre les ingénieries chinoise et française. Enfin, j’ai trouvé très précieux de pouvoir rencontrer des ingénieurs d’aujourd’hui qui ont pris le temps de nous partager leur expérience, leurs sources de motivation, leurs choix, leurs surprises et leurs questionnements. Je retiens à cet égard deux moments forts : le témoignage concret d’un parcours professionnel dans l’industrie, et une table-ronde d’intervenants illustrant différents choix face à la problématique de l’articulation de l’activité d’ingénieur(e) et de l’engagement social et environnemental. Merci pour ces témoignages qui nous incitent à être des ingénieurs qui pensent, et qui investissent leur rôle et leur responsabilité d’acteurs de nos sociétés.”

Antonin : “Le séminaire a été une bonne occasion de réinterroger mes responsabilités en tant qu’ingénieur. J’ai beaucoup apprécié la session de témoignage/table ronde avec des personnes ingénieur ayant déserté ou infiltré le système. La diversité des profils m’a vraiment permis de m’interroger moi-même. Sur la même lancée, l’intervention de Hélène Le Teno été hyper intéressante de par la diversité de ce qu’elle a pu faire et par son franc parler qui fait du bien ! Au détour de ses quelques traits d’humour, sa vision critique et documentée du monde industriel permettait de nuancer les discours très pro-industrie que nous avons également pu entendre. La confrontation des deux visions était d’autant plus pertinente. Enfin, j’ai adoré le discours conclusif de Claire Nouvian. Sa prise de parole, poignante, c’est le moins qu’on puisse dire, m’a effrayé et mais en même temps rassuré dans ma volonté de mettre toute mon énergie à lutter contre les causes des changements climatiques. Je repars de ce séminaire avec pleins de rapport à lire et surtout, plein de motivation à mettre mes compétences et mon énergie pour participer à changer les choses !”

 L’équipe organisatrice du Séminaire

Félicitations à toute l’équipe organisatrice pour la qualité du travail accompli !

La production d’un podcast en guise de synthèse

Pour prolonger ces échanges, les élèves ont choisi de réaliser un podcast en trois épisodes. Pensé comme un témoignage sonore de la promotion, ce podcast propose une immersion dans le séminaire à travers des enregistrements d’élèves, d’intervenants et des extraits des conférences.

Leur volonté ? Offrir une trace vivante et accessible des réflexions menées pendant ces trois jours à destination d’un public plus large : futurs étudiants, jeunes diplômés, mais aussi ingénieurs confirmés ou curieux des transformations du métier.

Chaque épisode suit une question clé du séminaire :

• Épisode 1 : Qu’est-ce que ça veut dire, faire des études d’ingénieur ?
• Épisode 2 : Quel sens pour notre métier ?
• Épisode 3 : Quel ingénieur pour le futur ?

Ce projet témoigne d’une promotion engagée, curieuse et soucieuse de laisser une empreinte collective sur le monde qui l’attend.

Le podcast sera accessible prochainement sur les plateformes d’écoute.