We Slow Tech : L’exploration des solutions Low-Tech à travers l’Europe de nos deux étudiants Théobald et Antoine

Leur objectif ? Rencontrer des acteurs européens de la low-tech afin de mieux comprendre cette approche innovante et explorer comment elle pourrait être plus largement adoptée dans le monde de demain. Cette aventure est à la fois humaine, scientifique et sportive, car Antoine et Théobald se déplacent à vélo, et fera l’objet d’un documentaire qui leur permettra de partager leurs réflexions tout en donnant la parole aux acteurs rencontrés.
Après deux mois sur les routes, ils nous présentent les récentes découvertes low-tech et les rencontres marquantes qu’ils ont faites, invitant ainsi à réfléchir à des alternatives innovantes et durables pour la transition écologique.
On décide d’aller à la rencontre de ceux qui participent concrètement au quotidien à l’invention d’un nouveau récit : les acteurs de la démarche low-tech. Cette démarche d’innovation, qui fait son entrée dans les écoles d’ingénieurs, nous interpelle et raisonne avec nos convictions. C’est décidé, la low-tech sera donc notre angle de vue !
Comment avez-vous eu l’idée de faire ce projet ?
En novembre 2023, nous évoquons pour la première fois l’idée de « voir des choses cools pour la transition environnementale » pour notre deuxième partie de césure. C’était encore un peu flou dans nos têtes, mais on voulait construire un projet personnel : parcourir l’Europe et s’inspirer des rencontres et initiatives que nous verrons en chemin.
On se creuse la tête, et on décide d’aller à la rencontre de ceux qui participent concrètement au quotidien à l’invention d’un nouveau récit : les acteurs de la démarche low-tech !
L’approche low-tech prône une utilisation mesurée des éléments technologiques (techno-discernement), pour réduire autant que possible les impacts environnementaux et répondre aux enjeux du développement de manière plus durable et équitable. L’idée est donc de questionner et évaluer les besoins humains réels – pas facile comme question ! -, puis de développer des pratiques simples, appropriables et durables pour répondre aux besoins identifiés.
Cette démarche d’innovation, qui fait son entrée dans les écoles d’ingénieurs, nous interpelle et raisonne avec nos convictions. C’est décidé, la low-tech sera donc notre angle de vue.
Comment êtes-vous passés de l’idée à la réalité ?
De novembre à février, nous nous attelons à comprendre ce qu’on attend chacun personnellement de ce projet, délimiter ses contours, lui trouver un nom (We Slow Tech), convaincre l’école de nous laisser partir, trouver des financements pour les 5 prochains mois d’exploration, et contacter les acteurs que nous rencontrerons. Il nous reste alors que 3 mois pour préparer notre périple, alors que nous sommes tous les deux en stage. Mais nous sommes excités à l’idée de créer ce projet qui nous ressemblera, et on donne tout pendant ces 3 mois ! Les retours d’expériences d’anciens étudiants qui ont, eux aussi réalisé des tours à vélo pour diverses raisons, nous ont beaucoup aidé durant cette période de préparation. Ils nous ont encore plus donné envie de partir à l’aventure !
C’est à ce moment-là, en discutant avec d’autres de leurs divers projets, que l’on décide de ne pas faire de We Slow Tech uniquement un projet personnel. Nous voulons le partager, pour, on espère, en inspirer d’autres à voyager plus lentement, à s’engager pour la transition environnementale et à creuser le concept de low-tech ! On rajoute donc 4 kilos de matériel audiovisuel dans les sacoches…
Le 3 mars dernier, nous sommes à Lyon, les derniers aurevoirs sont faits et les vélos sont chargés. C’est le jour du départ. Il neige.
Le 4 mars, nous sommes encore à Lyon, mais il fait beau ! Ça y est, on part.
Au moment de se lancer, on se rend compte qu’on n’a pas eu le temps de : s’entrainer à faire du vélo, décider de notre itinéraire et apprendre à utiliser la caméra. On verra tout ça en route 🙂
Avez-vous pu faire de nombreuses rencontres ?
Trouver des acteurs et des projets est très chronophage, mais c’est au final toujours un plaisir de rencontrer des personnes investies. Face à l’éco-anxiété que certains d’entre nous peuvent parfois subir, aller à la rencontre d’initiatives concrètes pour répondre aux enjeux de transition est un vrai remède !
Notre première étape est à Marseille, où se trouve Le Présage, premier restaurant d’Europe qui utilise la concentration solaire pour cuisiner. Convaincus de la pertinence de cette initiative, nous avons dédié le premier épisode de notre mini-série « ⚙️ We Slow 🚴 » à la restauration solaire :
Nous sommes ensuite allé à Sophia Antipolis, pour participer aux premiers jours du trimestre d’ingénierie « UnderSolar » de Mines Paris – PSL, dont l’objectif est de faire fondre du verre grâce à un four solaire low-tech.
En chemin, nous faisons de nombreuses rencontres. Avec Karine par exemple, qui a auto-construit le fournil de sa boulangerie avec des matériaux locaux, ou Loïc qui a fondé l’association Permabita dont l’objectif est de recréer des filières d’éco-matériaux locaux dans le département du Var.
Après deux semaines en France, nous traversons la frontière italienne. On se demande si on réussira à faire autant de rencontres, si la langue ne sera pas une barrière. Ces craintes se trouvent vite infondées : les grands-parents italiens, sont tous aussi accueillants qu’en France, cuisinent de très bonnes pâtes, et nous arrivons à parler un peu italien !
Côté low-tech, nous rencontrons à Gênes des chercheurs en solutions basées sur la nature qui évaluent l’impact des façades vertes, avant de s’arrêter une semaine à Granara, un écovillage des Apennins du Nord.
Là-bas, on expérimente des techniques « appropriées » (et oui, hors de France, le terme low-tech parle beaucoup moins aux acteurs que nous rencontrons), comme une piscine naturelle ou la rénovation en terre-paille ou chaux-chanvre :
À Milan et Padoue, on discute d’économie circulaire avec des chercheurs et des chefs d’entreprises, et à Mestre, on rencontre Milo qui a monté son entreprise de logistique à vélo pour les livraisons de dernier kilomètre, une évidence selon lui. Pour faire toutes ces rencontres, le bouche à oreille marche énormément ! Après avoir fait une première rencontre, c’est parti : il y a toujours quelqu’un qui connaît quelqu’un qui travaille sur des sujets proches des nôtres. On a donc vite érigé une règle d’or durant notre voyage : toujours dire oui ! Parfois, c’est certes un peu fatiguant, mais ça nous permet de faire des rencontres et de vivre des moments inoubliables, et surtout… imprévus. Et ça, ça nous sort complètement de notre quotidien où tout est organisé.
On a tellement apprécié l’Italie que nous y sommes restés un mois, mais un moment, il fallait continuer… direction la Slovénie.
Autant l’Italien, on le comprenait et le parlait un petit peu, autant le Slovène, c’était bien moins évident. Alors, pour demander si on peut planter notre tente dans le jardin des personnes que nous croisons, on utilise la langue des signes. Ce passage en Slovénie sera encore l’occasion de rencontrer des initiatives variées. Nous avons rendez-vous avec deux bibliothèques d’objets, une à Idrija et une à Ljubljana. Sur le chemin entre les deux villes, nous nous arrêtons dans une déchetterie qui essaie au maximum de réutiliser les déchets avant de les jeter, en réparant ou en donnant une seconde vie à certains matériaux, ce qui donnent des objets qu’ils vendent dans leur propre magasin.
Nous avons déjà rencontré une quinzaine d’acteurs de la transition, chacun portant des projets différents, plus ou moins proches de la démarche low-tech. Bien que la diversité des initiatives découvertes rende le travail de synthèse – qui aboutira sur le documentaire – plus difficile, celle-ci accentue notre sentiment d’être galvanisés par ce foisonnement d’idées : très souvent nous sommes surpris par l’ingéniosité de la démarche et avons envie de mener un projet similaire ! Nous espérons que nous arriverons à retranscrire l’aspect inspirant de ces rencontres.
(Interviews des acteurs de la transition dans le cadre du documentaire.)
Et après 2 mois sur les routes ?
Voilà en effet 2 mois que nous sommes partis. Comparé à la voiture, au train, ou à l’avion, nous n’avançons pas bien vite. Mais cette vitesse est pour nous la bonne. Les rencontres, prévues ou non, sont nombreuses et toujours riches en émotions.
Nous sommes actuellement sur la route entre Ljubljana et Zagreb. Là-bas, il y a un Repair Café que nous avons contacté. Ensuite, on ne sait pas encore. Nous voulons aller en Bosnie-Herzégovine et au Montenegro. Ou en Serbie peut-être. Ce qui est sûr, c’est que nous serons début juin à Budapest pour rencontrer Cargonomia, une coopérative de trois entreprises qui promeut l’alimentation durable et la logistique à vélo, avant de se diriger à nouveau vers la France, en passant par l’Autriche, La République Tchèque, l’Allemagne et la Suisse.
Régulièrement nous repensons à cette décision prise au mois de novembre dernier, et à la chance que nous avons eu de trouver sur notre chemin des personnes qui ont vu en notre projet une initiative intéressante. Sans ces structures, qui sont aujourd’hui des partenaires de We Slow Tech, cette aventure aurait été plus difficile à préparer dans le temps imparti, nous souhaitons donc les remercier : nos partenaires « académiques » : la Fondation de Mines Paris et l’Université PSL; nos partenaires « transitions » : le cabinet de conseil Stim, la fondation Singular Planet et l’ONG International Impact; ainsi que nos partenaires « aventures » : Chef de file pour les habits de cyclistes et Orium pour la batterie portable.
Les premières semaines du périple ont été l’occasion pour nous de faire un constat, que les semaines suivantes ne feront que réaffirmer : les inconnus sont presque toujours prêts à nous accueillir, à nous ouvrir leur maison, à partager un repas, et la curiosité des uns et des autres amènent régulièrement à faire des rencontres que nous n’oublierons pas. Nous savions que partir à vélo provoquerait des rencontres, mais nous étions loin d’imaginer que celles-ci nous toucheraient autant.
Finalement, on trouve ce qu’on est parti chercher : des projets inspirants et de belles rencontres. On se souhaite de continuer dans cette voie… À suivre !
Tout au long de leur périple, qui prendra fin en juillet, Antoine et Théobald partagent leurs aventures et leurs découvertes sur les réseaux sociaux :
Pour rendre compte de leur voyage, ils documentent leur trajet à travers un blog Polarstreps qui trace leur itinéraire :
Mines Paris – PSL forme les ingénieurs de demain à des pratiques durables, notamment à travers la conception de fours solaires à concentration, en col...