Trois questions à Alejandra Cue Gonzalez, docteure nominée pour sa méthode d’évaluation des impacts écologiques des catastrophes dans l’énergie

Le 21 mai 2025 à l’Hôtel de Roquelaure, à Paris, Alejandra a été invitée à participer à la cérémonie de remise des Prix de thèse du ministère. Ce prix national, créé en 2023, récompense des travaux de recherche contribuant à éclairer et renforcer les politiques publiques en matière de transition écologique. Il vise aussi à consolider les liens entre le monde académique et l’administration, en mettant en avant l’excellence de la recherche portée notamment par les écoles supérieures du développement durable.
Alejandra Cue Gonzalez a participé à ce concours pour le prix de thèse avec son travail qui propose une approche innovante et rigoureuse de l’évaluation environnementale des infrastructures critiques face aux aléas climatiques et catastrophes naturelles.
Intitulée « Approche Méthodologique pour Prendre en Compte les Risques de Catastrophes dans l’Analyse de Cycle de Vie : Application au Secteur de la Production d’Énergie » sa recherche apporte une contribution majeure à l’évolution de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), un outil clé dans la planification de la transition énergétique. Elle y propose une méthode novatrice, baptisée DRUID (Disaster Risk-gUided scenarIo Definition), qui permet de mieux anticiper les impacts environnementaux liés à des risques extrêmes, dans le cas par exemple d’une centrale photovoltaïque frappée par des vents violents.
À travers cette participation, Mines Paris – PSL réaffirme son engagement en faveur d’une recherche de haut niveau, en prise avec les enjeux complexes de la transition écologique.
L’idée est née d’un constat simple : dans les analyses environnementales prospectives basées sur l’ACV, on évalue généralement les systèmes dans des conditions dites « normales ». Par exemple, lorsqu’on estime l’impact environnemental d’une installation photovoltaïque, on suppose un fonctionnement standard, sans perturbations majeures.
Mais cette approche ne reflète pas la réalité, surtout dans un contexte de changement climatique. Les événements climatiques extrêmes — tempêtes, inondations, incendies — sont de plus en plus fréquents et intenses. Ces aléas peuvent endommager gravement les infrastructures, les empêcher de fonctionner, voire les détruire entièrement. Cela entraîne non seulement des pertes économiques, mais aussi des impacts environnementaux supplémentaires, souvent sous-estimés.
C’est pourquoi nous avons jugé essentiel d’intégrer ces risques dans l’ACV, afin de produire des évaluations plus réalistes et représentatives des futurs possibles. Dans le cadre de la transition énergétique, cela permet non seulement d’anticiper les vulnérabilités, mais aussi d’orienter la conception des nouvelles installations vers plus de résilience face au climat de demain
La méthode DRUID vise à combiner les approches de l’analyse des risques et de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) pour offrir une vision plus précise et dynamique de l’évolution des impacts environnementaux tout au long de la vie d’un système énergétique.
L’objectif est de ne plus se limiter à une évaluation moyenne, mais d’intégrer les effets potentiels d’événements extrêmes liés au changement climatique. En intégrant ces scénarios dès la phase de conception, les décideurs et les ingénieurs peuvent anticiper les vulnérabilités et prendre des décisions plus éclairées pour renforcer la résilience des infrastructures.
En ayant cette réflexion intégrée, cette approche permet de mieux outiller les acteurs de la transition énergétique pour qu’ils conçoivent des systèmes non seulement performants, mais aussi plus robustes face aux incertitudes climatiques à venir.
Le méthode DRUID développé pendant la thèse était plutôt exploratoire, donc ces apports seront encore plus significatifs après mon projet de post doc, qui vise à développer la méthode et la tester dans un cas réel.
Diagramme de la Méthode DRUID
Comme mentionné, je continue à travailler sur DRUID dans le cadre mon pos- doctorat, au sein du projet phare ELECTRE – Carnot M.I.N.E.S, qui porte sur l’électrification des usages. L’objectif est de faire évoluer la méthode DRUID en la testant sur un cas d’étude concret, en collaboration avec un acteur industriel de la filière PV en France.
Dans ce travail, nous vérifierons les éléments de la méthode qui apportent une réelle valeur ajoutée dans un contexte opérationnel, ainsi que ceux qui nécessitent encore des ajustements. À terme, cela vise à rendre l’outil plus pertinent pour l’analyse environnementale prospective, avec l’ambition qu’il puisse aussi nourrir les réflexions stratégiques dans les décisions industrielles, et potentiellement dans les politiques publiques liées aux implantations énergétiques du futur.
site de l’Institut Carnot M.I.N.E.S
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