Repenser les déchets comme des ressources industrielles : Table Ronde Greentech

Entrepreneuriat Formation Transition écologique Décryptage
Publié le 4 décembre 2025
Matériaux recyclés, procédés industrialisés, régulations environnementales et rentabilité économique : comment transformer un déchet en ressource certifiée et viable? Mines Paris – PSL a consacré une table ronde à ces enjeux industriels, scientifiques et entrepreneuriaux le soir du 20 novembre dernier lors d’une table ronde Greentech, un événement public organisé par les élèves du Mastère Spécialisé Entrepreneuriat Deeptech & Innovation (MS EDI). Conçue comme un dispositif pédagogique immersif et encadrée par Wim Van Wassenhove, directeur du MS EDI, cette rencontre illustre une orientation forte de l’École : lier recherche, ingénierie et entrepreneuriat, afin de structurer les transitions industrielles.

Des matériaux recyclés qui redessinent l’industrie

Textile transformé en briques, chutes industrielles devenues mobilier, déchets coquilliers convertis en matériaux de construction, bois composite issu de produits forestiers… L’économie circulaire constitue aujourd’hui un champ industriel soumis à des enjeux scientifiques, réglementaires et économiques. Elle engage notamment :

  • la caractérisation physico-chimique des matières disponibles, souvent instables ou hétérogènes
  • la mise en conformité avec des normes de sécurité et de performance (résistance mécanique, réaction au feu, durabilité)
  • l’industrialisation de procédés reproductibles, compatible avec des coûts et des cadences viables
  • l’évolution réglementaire (Réglementation environnementale 2020, taxonomie verte, exigences d’écoconception)

Les entrepreneurs invités ont illustré ces défis :

Chantal Nguyen, directrice générale et ingénieure R&D chez FabBRICK, une entreprise qui valorise les textiles recyclés pour le design et l’aménagement intérieur. Produits artisanalement dans leurs ateliers parisiens, les matériaux et objets font l’objet d’une amélioration continue, d’une veille sur les matériaux de construction et d’une réflexion sur l’industrialisation des procédés.

Basile de Gaulle, co-fondateur et designer chez Maximum dont la mission est de transformer les chutes industrielles en mobilier et matériaux durables. L’entreprise conçoit du mobilier haut de gamme, fabriqué en France, à partir de déchets récurrents de la production industrielle. Elle développe également le Tissium, un panneau composite issu de fibres textiles hors d’usage, destiné à la construction et à l’ameublement, et en passe de produire à l’échelle pilote près de 70 000 m² par an dès 2025.

Douglas Bertin, co-fondateur et PDG chez CalX, qui transforme les déchets coquilliers en matériaux durables à impact positif. L’entreprise développe un béton marin bas carbone en partenariat avec le CNRS et l’IFREMER pour contribuer à la restauration des écosystèmes marins, ainsi que la Belle de CalX, une poudre de coquilles naturelles destinée à l’agriculture, la plasturgie et le BTP, offrant une alternative durable aux matériaux traditionnels.

Bénédicte Jézéquel, chef d’entreprise chez Silvadec, une entreprise qui développe du bois composite en Europe. Silvadec produit des matériaux composés de deux tiers de farine de bois et d’un tiers de polyéthylène, entièrement recyclables et conformes à des standards environnementaux stricts. Elle allie innovation industrielle et éco-responsabilité, avec des produits pour terrasse et bardage certifiés, intégrant des pratiques durables tout au long de la chaîne de production.

Ces exemples, présentés à l’occasion de la table ronde, montrent que la circularité est aujourd’hui un domaine de recherche appliquée, ancrée dans des problématiques scientifiques et industrielles, loin d’une approche symbolique ou décorative.

Pédagogie immersive

L’organisation des événements pour l’écosystème de l’Entrepreneuriat Deeptech & Innovation comme projet pédagogique

Cette table ronde Greentech et les autres évènements sont conçus comme des outils pédagogiques du module « Ecosystème Deeptech » du MS, et non comme un simple rendez-vous institutionnel.

Les élèves du MS EDI assurent la conception thématique, l’organisation, la communication et l’interaction avec l’écosystème deeptech de plusieurs évènements publics : des tables rondes en soirée mensuels suivi d’un moment de networking et des conférences publiques annuelles, les deeptech forums, à Paris et à Sophia Antipolis . Cette démarche s’inscrit dans la pédagogie inversée portée par l’équipe académique du programme : les élèves ne sont pas seulement spectateurs de l’écosystème de l’innovation technologique, mais ils y participent de manière active. Encadrés par Wim Van Wassenhove, les élèves mobilisent :

  • une analyse critique des enjeux, défis et opportunités de la deeptech pour choisir des thématiques de discussion pertinentes
  • un savoir être relationnel pour contacter et solliciter des acteurs importants dans l’écosystème
  • un travail de mise en réseau des acteurs de l’écosystème (des structures de recherche et les chercheurs, des acteurs industriels, des startups, des organismes d’accompagnement comme des incubateurs et des structures de financement et investissement.).
  • des compétences de gestion de projet et de gestion évènementiel

 

Une école au cœur des transitions industrielles, écologiques et sociales

À travers des initiatives comme la table ronde Greentech et le Mastère Spécialisé Entrepreneuriat Deeptech & Innovation, Mines Paris – PSL réaffirme son engagement à former une nouvelle génération d’ingénieurs et d’entrepreneurs capables de relever les défis complexes de notre époque. En associant étroitement recherche, ingénierie et entrepreneuriat, l’École crée un écosystème unique où l’innovation technologique se met au service des transitions industrielles, écologiques et sociales. Les projets concrets, les partenariats avec des acteurs industriels et les collaborations interdisciplinaires illustrent cette vision : celle d’une ingénierie responsable, ancrée dans la réalité des enjeux sociétaux et environnementaux. Ainsi, Mines Paris – PSL ne se contente pas d’anticiper les transformations de demain – elle les construit, en formant des acteurs capables de concilier performance économique, durabilité et impact positif sur la société.

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