Marion Négrier, post-doctorante à Mines Paris – PSL, lauréate du prix « Jeunes Talents France » L’Oréal-UNESCO 2025
Créé en 2007, ce prix s’inscrit dans le programme international « Pour les Femmes et la Science », lancé par la Fondation L’Oréal et l’UNESCO en 1998. Chaque année, il récompense en France des doctorantes et post-doctorantes prometteuses à un moment charnière de leur parcours, et leur permet de rejoindre une communauté internationale de plus de 4 700 femmes scientifiques originaires de plus de 140 pays.
Les lauréates bénéficient d’une dotation financière et d’un programme de formation au leadership pour renforcer leur confiance, leur visibilité et leur capacité à exercer des responsabilités scientifiques. Leur engagement contribue à lever les obstacles encore présents dans les carrières scientifiques féminines et à inspirer les futures générations de chercheuses.

Crédit Fondation l’Oréal
Lauréate dans la catégorie “Innover pour un futur durable”, Marion Négrier consacre aujourd’hui ses recherches postdoctorales à l’élaboration d’un procédé de recyclage chimique à faible impact environnemental et économique. Ce procédé permet de séparer les fibres synthétiques (polyester, polyamide) des fibres d’origine végétale (coton, viscose) afin de transformer ces dernières en biomatériaux polyvalents, 100 % recyclés et recyclables.

Crédit Fondation l’Oréal
Ces matériaux, conçus comme de véritables alternatives aux plastiques d’origine fossile tels que le polystyrène ou le polypropylène, trouvent des applications dans des secteurs variés, de la décoration à l’emballage, en passant par l’ameublement. La finalité de ce post-doctorat est la création, dès 2026, d’une start-up issue de Mines Paris – PSL, dédiée à la production de ces matériaux durables et innovants.
Travailler sur un sujet de valorisation des ressources est une évidence et lorsque j’ai découvert en thèse le monde de l’industrie textile et ses nombreuses problématiques, j’ai absolument voulu y consacrer mes futurs travaux. Ma démarche scientifique s’inscrit dans une volonté de répondre à des problématiques réelles et urgentes. Elle vise à améliorer en continu les procédés existants tout en en développant de nouveaux.
Avant ce projet, Marion Négrier a consacré sa thèse, réalisée au CEMEF sous la supervision de Tatiana Budtova, Elise El Ahmar et Romain Sescousse, à la valorisation des déchets textiles cellulosiques à travers l’élaboration d’aérogels de cellulose, des matériaux poreux à haute valeur ajoutée. Ses travaux ont exploré différents procédés (prilling, fabrication additive, impression 3D) pour créer des matériaux légers, modulables et à haute surface spécifique. Face aux enjeux environnementaux et à la nécessité de repenser nos modes de production et de consommation, ses recherches allient innovation technologique, durabilité et responsabilité sociétale.
Sa rigueur scientifique et son expertise en chimie des polymères et en procédés de mise en forme lui ont déjà valu plusieurs distinctions, dont le concours i-PhD 2024, ainsi que des publications de haut niveau et un brevet en cours de dépôt.
Marion incarne parfaitement les valeurs que ce programme souhaite promouvoir : l’excellence scientifique, l’innovation et l’engagement sociétal. Sa recherche sur le recyclage chimique des textiles cellulosiques en nouveaux matériaux durables s’inscrit pleinement dans les enjeux environnementaux actuels, en proposant des solutions innovantes et applicables à l’échelle industrielle pour lutter contre la pollution textile. Elle se distingue par sa créativité, son autonomie et sa capacité à fédérer. Son dynamisme et sa persévérance lui permettent de surmonter les défis inhérents à son domaine de recherche et d’apporter des solutions concrètes aux grands enjeux environnementaux et industriels.
Elie Hachem, Directeur du CEMEF
Au-delà de ses recherches, Marion s’investit activement dans la vulgarisation scientifique et la transmission, notamment auprès des jeunes publics, afin de rendre la science plus accessible, inclusive et inspirante.
Son parcours illustre la volonté de Mines Paris – PSL de former des chercheurs et chercheuses alliant excellence scientifique, créativité et engagement sociétal.

Vos recherches portent sur le recyclage des textiles en matériaux durables. Pouvez-vous nous expliquer en quoi elles constituent une réponse innovante aux défis environnementaux actuels ?
« Aujourd’hui seulement 7% des déchets textiles sont recyclés, seulement 1% est retransformée en fil et la quantité jetée ne cesse d’augmenter, qui atteint actuellement 100 millions de tonnes annuelles dans le monde (ordre de grandeur : 15 pyramides de textile compressé). Le problème ? Les mélanges de fibres, les contaminations et la mauvaise qualité de certaines matières. De nouvelles méthodes de recyclage de ces déchets inutilisés et au fort potentiel sont nécessaires afin de diminuer drastiquement l’impact environnemental de l’industrie textile. Mes travaux de recherche de post-doctorat consistent en l’élaboration d’un procédé vert de recyclage chimique des textiles cellulosiques, qu’ils soient purs, contaminés ou mélangés à des fibres synthétiques, en nouveaux matériaux polyvalents capables de remplacer des matières plastiques du quotidien. Et oui, un simili-plastique en coton, c’est possible ! Dans ce sens, challenger l’imaginaire collectif et pousser les nouvelles générations, et en particulier les jeunes femmes à se tourner vers la science et à inventer les technologies de demain. »


Procédé de transformation des textiles cellulosiques en nouveaux matériaux – exemples de réalisations « simili plastique » de matériaux en textile d’origine végétale
Qu’est-ce qui vous a motivée à vous consacrer à ce sujet de recherche et quel sens vous donnez à votre démarche scientifique ?
« J’ai toujours eu une appétence pour les sujets environnementaux et en particulier ceux portant sur la transformation de la matière. Travailler sur un sujet de valorisation des ressources est une évidence et lorsque j’ai découvert en thèse le monde de l’industrie textile et ses nombreuses problématiques, j’ai absolument voulu y consacrer mes futurs travaux. Ma démarche scientifique s’inscrit dans une volonté de répondre à des problématiques réelles et urgentes. Elle vise à améliorer en continu les procédés existants tout en en développant de nouveaux. C’est mon outil et ma manière de participer activement aux grands défis environnementaux, en mettant la science au service de solutions durables. »
Vous êtes engagée dans la vulgarisation scientifique et dans l’accompagnement des jeunes. Comment espérez-vous inspirer les futures générations de femmes scientifiques à travers votre parcours ?
« En effet j’ai participé et je participe toujours à de nombreuses actions mises en place par divers organismes, et j’adore partager mon parcours scolaire et mes anecdotes avec les élèves. Je leur montre qu’il est possible d’explorer différentes voies avant de trouver enfin un métier qui nous correspond… puis qu’il est aussi possible d’en changer ! J’essaie de leur transmettre ma passion pour la recherche et l’innovation et de les inspirer de cette manière. Les sciences sont un immense terrain de jeu à s’approprier et à partager avec les autres et ce n’est pas réservé qu’aux hommes ! Je les encourage à avoir confiance en elles, oser et suivre leurs idées. »
En 2019, l’État a lancé le Plan DeepTech, opéré par la Banque Publique d’Investissement, avec pour objectif de faire de la France un acteur majeur de ...