Dans cet entretien, elle revient sur les déclics qui ont jalonné son parcours, sur sa vision de l’accompagnement à la transition, et sur l’importance d’ancrer son action dans les réalités locales. Elle partage aussi un message inspirant à destination des nouvelles générations de professionnels, et notamment aux femmes tentées par l’entrepreneuriat à impact.
Quels moments de ton passage à l’ISIGE ont influencé ta décision de lancer l’agence Diatomées ?
Je dirais plutôt que l’ISIGE a confirmé mon souhait de m’investir en faveur de la cause environnementale. La diversité des enseignements reçus, la qualité des intervenant.e.s choisi.e.s et les études terrain ont participé au fait que j’étais alors certaine de vouloir m’engager sur ces sujets. C’est suite à une expérience professionnelle de quelques années dans un grand groupe que j’ai souhaité continuer à œuvrer pour cette cause, mais de façon plus concrète et à une échelle locale, en créant Diatomées.
Avec qui as-tu lancer ton agence ? Quel a été le déclic pour te lancer ?
Nous avons co-fondé l’agence Diatomées avec Anne-Eva Poirier, également ancienne élève du master IGE. Nous étions toutes les deux dans la même promotion, avons un parcours universitaire similaire (Sciences Po Lyon et EM Lyon) et sommes passées par des directions développement durable de grands groupes à Paris avant de capitaliser sur ces expériences pour fonder notre agence, ici en Bretagne. Je dirais que c’est avant tout l’envie d’être au plus proche des dynamiques locales sur ces sujets, des préoccupations propres aux acteurs publics et privés d’un même territoire, et de mettre à profit mon expertise aux services des enjeux de la transition écologique qui m’ont poussé à me lancer. J’ai aussi suivi Anne-Eva qui a porté ce projet au préalable, j’ai eu envie de relever ce challenge de l’entrepreneuriat et qu’on le réussisse ensemble.
Pourquoi avoir rejoint l’aventure des “entreprises à mission” ?
Parce que notre conception de l’entrepreneuriat repose notamment sur la volonté d’avoir un impact positif sur le territoire breton et ses acteurs, nous avons souhaité que Diatomées rejoigne l’aventure des “entreprises à mission”, lancées par la loi PACTE en 2019. Dès sa création en 2021, Diatomées a souhaité s’inscrire dans cette réflexion et utiliser ce nouveau statut pour sceller ses engagements. Le fait d’être entreprise à mission nous aide à garder un cap et à remplir au mieux nos objectifs sociétaux et environnementaux, portées aussi par un comité de mission qui réunit des personnes engagées (ou inspirantes), représentantes de nos parties prenantes sur le territoire, et constitue un véritable soutien.
Pourquoi avez-vous choisi de t’implanter à Vannes, quels sont les principaux défis locaux que vous rencontrez ?
J’ai grandi aux Sables d’Olonne en Vendée, la proximité de l’océan a toujours fait partie de mon environnement et je la considère presque comme vitale à mon équilibre. J’avais du mal à satisfaire ce besoin à Paris ! Un peu en quête d’un renouveau personnel et professionnel, j’ai finalement posé mes valises à Vannes en rejoignant Anne-Eva, attirée par ce projet commun et par une ville à taille humaine, proche de la mer au cœur du Golfe du Morbihan.
Les enjeux ici sont multiples. Il s’agit d’une part d’embarquer et faire monter en compétences des acteurs locaux alors en démarrage sur ces sujets de transition. Tout en accompagnant ceux qui ont déjà des années de plan d’actions RSE ou bilan carbone et qui souhaitent aller plus loin. En s’adressant à un tissu industriel très varié, de la TPE jusqu’à l’ETI. Ce qui les rapproche : une sensibilité commune à vouloir limiter leur impact environnemental et un engagement croissant en faveur de cette cause.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Continuer à essaimer sur notre territoire des bonnes pratiques et façons d’agir plus responsables à l’attention des acteurs locaux. Essayer de les rendre au maximum autonomes sur ces sujets. Et passer un palier de sensibilisation sur les enjeux liés au changement climatique, à l’effondrement de la biodiversité et à un nécessaire changement de modèle conciliant réduction des impacts, réparation et adaptation.
D’après toi, comment faire avancer les acteurs engagés des territoires ?
En répondant au mieux à leurs besoins et problématiques ! Chaque acteur, qu’il soit associatif, institutionnel ou privé, vient nous voir avec un souhait particulier. Nous devons être en capacité d’y répondre et de leur montrer qu’agir en faveur de la transition écologique ne doit pas être vu comme une contrainte mais plutôt comme une opportunité pour donner du sens à son activité, fédérer ses équipes autour de causes communes, et surtout avoir un temps d’avance pour préparer dès maintenant son entreprise aux bouleversements climatiques et sociétaux en cours et à venir. Agir aujourd’hui, c’est se donner les moyens de survivre demain. Faire évoluer le business as usual, la façon de diriger une entreprise en l’alignant avec les limites planétaires, c’est notre objectif 1er et ce vers quoi tout acteur engagé devrait tendre.
En tant que femme entrepreneur et diplômée des Mines, quel message souhaitez-vous transmettre aux étudiants ?
Ayez confiance en vous, écoutez-vous et lancez-vous ! Les femmes ont parfois tendance à douter d’elles-mêmes, il faut absolument inverser la tendance et ne pas avoir peur de tenter. J’ai la conviction qu’il vaut mieux vivre avec des remords utiles qu’avec des regrets ! L’entrepreneuriat n’est pas un long fleuve tranquille mais d’un point de vue personnel, cela m’a apporté une vraie créativité et liberté dans la définition de nos offres, notre choix de territoire d’implantation et des rencontres hyper enrichissantes. Donc peu importe le projet professionnel, il faut croire en ses envies, ses rêves et essayer !